445 - Voici la sainte semaine !

« Pour moi, quand j'aurai été élevé de terre, je les attirerai tous à moi »

Jn 12, 32

L'Édito du 5 avril 2020

          Nous approchons du terme du carême. Le Roi entre dans sa ville, la Jérusalem du ciel. Tous l’acclament, hommes et femmes, grands et petits, jeunes et vieux, rameaux en main. Il s’agit d’un rassemblement ! D’une fête retrouvée ? Non pas. On ne sait pas. Comme pour aujourd’hui, nous n’avons pas le sens ! Seulement ceci : le terme du Carême est la Résurrection, après la mort et le tombeau. Il y faut la semaine, il y faut les 7 jours.

Le chemin de conversion où le combat spirituel a reçu la forme d’une grave épidémie et d’une séparation forcée du fait d’un confinement sanitaire qui va durer encore plusieurs semaines. Selon la parole de notre archevêque « l’amour ne supporte pas la distance, l’amour veut la proximité. » A la souffrance et à la peur du fléau se mêle l’épreuve affective de séparations multiples ou de confinements malheureux. Voilà.

La fête de notre mort et de notre résurrection avec le Christ va se dérouler sous les formes minimales requises par cette situation.

Et nous allons faire avec, avec ce que nous avons déjà reçu, au cours des dernières semaines. Une prière immense s’élève de toute la terre, clameur des hommes appelant au secours, suppliant pour les malades et les défunts. Il y a si longtemps que cela n’était pas arrivé ! Le cœur des hommes exprimant l’essentiel, la soif de l’Autre, l’appel de Dieu. Au même instant – et il s’agit de la même vérité – l’élan d’une charité forte, basique, sociale, nous impressionne : beaucoup se dépensent sans compter auprès des malades, des personnes âgées, des pauvres. Certains y ont déjà donné leur vie, et une foule déploie l’abnégation et le sens du service pour assurer le nécessaire quotidien pour l’ensemble. Célébrons cet élan, les applaudissements du soir, la reconnaissance pour tous ceux qui servent dans cette tourmente. Ce que vous faites à l’un de ces plus petits, c’est à moi que vous le faites dit Dieu ! Et l’on reçoit aussi une nouvelle forme de convivialité, une convivialité de distance, moins bavarde, plus proche de l’essentiel : « Comment allez-vous ? Et toi ? Et les enfants ? Et tes parents ? ... »

Ne rêvons pas cependant. Ne rêvons pas d’un retour rapide à l’état d’avant, désormais perdu et impossible. Au fait quel est le rêve de chacun, ce qu’il aimerait retrouver ou ne pas perdre ? Et qu’en est-il de la vérité de nos relations avant le confinement ?

Dans la semaine sainte, nous avançons... et il n’y a pas d’autre chemin que celui de Jésus, lundi ... jeudi, vendredi, samedi saints. Pas de Pâques sans la mort de Jésus, pas de baptême sans la mort à soi-même puis la résurrection avec le Christ. « Ils regarderont vers celui qu’ils ont transpercé » ; « Pour moi, quand j'aurai été élevé de terre, je les attirerai tous à moi » (Jn 12, 32).

Nous sommes déjà morts avec le Christ et vivants avec lui. Dans la foi. Cela a été dit et a été célébré dans la foi. Les catéchumènes sont en train de le recevoir par leur désir et l’attente qui se prolonge. C’est avec ce don inouï que nous avons à traverser l’épreuve et nous ne savons pas ce que nous y perdrons : « veillez et priez pour ne pas entrer en tentation !». Ne fuyons pas la vie qui déjà brille en nous, au profit de nostalgies stériles ou de paradis artificiels ! Jésus n’est pas une idée. Une idée n’a pas de mère !

Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur, Hosanna au plus haut des cieux !

Alain DAGRON

P.S. : On aura grand profit à relire ces jours-ci les chapitres 11 et 12 (en entier) de l’Evangile de Jean. La Parole de Dieu est efficace... Sans oublier le chapitre 3 du Livre de l’Ecclésiaste.

Crédit photo : Diocèse de Strasbourg

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