524 - Le corps blessé de l'Eglise

Je suis un des visages de cette Eglise montrée aujourd'hui comme coupable.

L'édito du dimanche 17 octobre 2021
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Témoignage d'Ingrid Brouillat, membre du Conseil Pastoral des Jalles

     Mardi 5 octobre, jour de la révélation publique du rapport de la Ciase sur les abus sexuels dans l’Eglise. Jour d’effroi devant l’ampleur des crimes commis. Jour de colère jusqu’à la nausée : comment ces mêmes hommes, par les mains desquels la grâce de Dieu est donnée aux enfants le jour de leur baptême, leur offrant ainsi la vie du Christ et l’Alliance promise depuis leur premier souffle, peuvent-ils aussi avoir ce désir de les abîmer dans une chute sans fin, briser leur corps et leur esprit ?

     C’est incompréhensible et insoutenable. Aucun de mes sens ne peut appréhender cela. La mort a donc un visage et pour tous ces enfants abusés, c’est celui d’un prêtre, d’un diacre, d’un religieux, d’un responsable d’aumônerie ou de camp scout…

     Puis très vite, surgit le sentiment de honte : nous sommes tous responsables. Je suis responsable parce que depuis mon baptême, je « participe à la dignité du Christ prêtre, prophète et roi ». Je suis un des visages de cette Eglise montrée aujourd’hui comme coupable. Je suis un membre de son corps, sans doute moins visible que les évêques, les prêtres et les cardinaux, mais je suis là, à côté de toi sur le banc dans l’église le dimanche, à côté de toi dans la prière, car toi aussi tu es membre de ce corps, rayonnant de l’amour du Seigneur et le rendant visible par tes actions. Et comme moi, tu souffres de ces révélations et de l’opprobre jetée sur l’Eglise car tu n’as commis aucun acte répréhensible et tu n’as pas caché des choses que tu ignorais.

      Je suis aussi blessée. Les atrocités que ces enfants ont subies touchent par résonnance mon corps, puisqu’eux comme moi, vivons de la même vie du Christ, puisqu’ils sont mes frères, mes sœurs, comme toi, par le baptême.

     Je regarde Joseph, figure paternelle par excellence, que nous fêtons depuis presque un an.

     Quelle extraordinaire coïncidence que ces événements soient concomitants ! Que dans cette année Saint Joseph où nous sommes amenés à redécouvrir sa force, son humilité, lui si discret, nous soyons frappés au visage par tous ceux qui se sont détournés de leur rôle de protecteur, de témoin, de père, pour devenir des rapaces fondant sur leur proie, dévorant ainsi ceux qu’ils étaient censés accompagner.

     Je regarde Marie et j’embrasse sa douleur de mère devant l’enfance brisée.

     Je suis l’Eglise, avec toi, et aujourd’hui plus que jamais, je mesure ce que cela veut dire : porter avec toi ce bien lourd fardeau car il ne peut reposer seulement sur les épaules des hommes consacrés, innocents comme nous de ces crimes ; retrousser les manches pour aider le Christ à œuvrer dans ce monde et donner chair à son amour ; accompagner la mission des clercs, avec lesquels nous partageons ce même sacerdoce baptismal, dans l’annonce de la foi et la mise en œuvre des projets de notre Eglise locale.

     Je suis l’Eglise, avec toi, et je savais en revenant vers elle à l’âge adulte, qu’elle n’était pas parfaite. L’aurait-elle été, comment aurais-je pu y trouver ma place ? Comment aurais-je pu m’y investir ? Je l’ai rejointe et embrassée car, tout comme moi, tout comme toi, elle est appelée à la Sainteté. Elle est en route, mais elle ne peut faire ce chemin seule. Elle a besoin de notre engagement à chacun pour collaborer en frères avec nos prêtres, diacres et responsables religieux et former un peuple de Dieu uni.

     Je suis l’Eglise et, avec toi, je vais prier pour qu’ensemble nous trouvions la force de relever la tête, de consoler ceux qui souffrent, d’aimer plus fort encore ce qui nous est donné, de ne laisser personne seul sur le chemin.

« Dans nos obscurités, allume le feu qui ne s’éteint jamais !

Ingrid Brouillat

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