532 - La joie d’être
C’est cette joie sans cause que Saint François d’Assise appelait la « joie parfaite ». Celle que l’on peut éprouver au plus profond de notre être alors même que tout va mal et que l’on n’a aucune raison de se réjouir.
Voilà un titre bien étrange. Comme une phrase incomplète. On attend la suite... la joie d’être quoi ? Nous pourrions facilement adhérer à une proposition plus claire : « la joie d’être réunis, d’être en bonne santé, d’être en vacances... » et décliner ainsi à l’infini les multiples raisons d’être dans la joie.
Mais avez-vous déjà éprouvé la simple joie d’être ? Non pas la joie d’être ici plutôt que là ; ou bien la joie d’être ceci plutôt que cela. Mais la simple joie d’être. Le verbe « être » sec, nu, sans déterminant... C’est la joie d’être plutôt que de n’être pas. Cette joie ne dépend pas des circonstances ni des événements de la vie. Cette joie-là ne peut venir que de Dieu. C’est à cette joie que nous invite Saint Paul : « Frères, soyez toujours dans la joie du Seigneur ». (Ph 4,4)
C’est cette joie sans cause que Saint François d’Assise appelait la « joie parfaite ». Celle que l’on peut éprouver au plus profond de notre être alors même que tout va mal et que l’on n’a aucune raison de se réjouir. Les réjouissances qui viennent des circonstances et des événements de la vie ne sont pas sans valeur bien entendu et l’on aurait tort de les négliger... Nous devons au contraire les accueillir comme autant de grâces. Mais elles sont inconstantes comme le vent qui vire et tourne sans cesse. Éphémères comme neige au soleil. Il vaut mieux ne pas fonder sur elles seules notre joie.
Autre chose est la simple joie d’être. Elle est un don de Dieu qui surgit du fond de l’âme. Elle ne peut venir que de l’intérieur, jamais de l’extérieur. Elle est comme la volonté de vivre. Nous faisons parfois cette expérience douloureuse avec ceux qui ne veulent plus vivre : on se démène et l’on s’agite pour gagner la partie et ramener nos amis vers la vie. Or au fond, nous le savons, on ne peut pas vouloir vivre à la place d’un autre. Et l’on ne peut, à la place d’un autre, éprouver la vraie joie. Cette joie-là ne peut surgir que de l’intérieur.
Mais nous pouvons, pour eux, nous tenir dans cette joie. Alors que notre monde est bousculé par tant de mauvaises nouvelles et de désespérances, demeurer dans la joie du Seigneur est notre première et notre plus impérieuse mission. Alors qu’apparaissent déjà les premières lueurs de Bethléem, la joie de Dieu en nous est probablement le plus grand et le plus précieux cadeau que nous puissions offrir à nos proches.
Pierre Alain Lejeune
Crédit photo : Paroisses des Jalles